Réalisée entre novembre 2024 et janvier 2025, cette enquête a recueilli 176 réponses (soit 18,3% des étudiants inscrits en alternance en 2023-24). Elle a été menée avec les objectifs suivants :
Esquisser le profil sociodémographique des alternants.
Recueillir leur expérience académique et professionnelle.
Comprendre les motifs de leurs choix et leurs principales difficultés.
L’âge majoritaire se situe entre 22 et 25 ans (59,7 %). En bachelier, les alternants sont proportionnellement plus agés : entre 22 et 25 ans contre 21 ans dans la population de référence.
On observe également une surreprésentation masculine : 59,2 % d’hommes contre 40,8 % de femmes, à rebours de la tendance générale dans l’enseignement supérieur.
En termes de nationalité, les alternants sont majoritairement belges : 90 % contre 78% dans la population générale.
Enfin, la situation familiale montre que la plupart des étudiants vivent encore chez leurs parents (68 %), tandis que 20 % résident seuls.
En bachelier : 59% viennent de l’enseignement de transition, 36% de l’enseignement de qualification.
En master : 94% ont un diplôme de bachelier préalable.
Les étudiants évoquent principalement trois types de motivations :
Pédagogiques (42 %) : besoin d’apprendre autrement, rythme plus pratique.
Professionnelles (30%) : expérience valorisable et meilleure insertion sur le marché du travail.
Financières (12%) : indemnités utiles pour financer les études.
Près de 85 % des étudiants considèrent l’articulation entre cours et immersion comme cohérente. Selon la littérature sur le sujet, l’alternance peut être juxtaposée (théorie et pratique séparées), associative (quelques liens ponctuels entre cours et immersion) ou intégrative (synergie complète entre apprentissages académiques et professionnels). Au sein de l'échantillon, seuls 14 % des alternants font l'experience une alternance véritablement intégrative, la majorité percevant une logique associative (44 %) ou juxtaposée (36 %). 6% ne percoivent que peu ou pas de lien entre leurs cours et leur immersion.
Enfin, les modalités d’évaluation restent classiques : 70 % des étudiants sont évalués sur les cours et l’immersion via des travaux (29 %), l’évaluation du tuteur (22 %) ou des soutenances orales (20 %), les examens traditionnels restant dominants (80 %).
En effet, 83,1 % des répondants se déclarent satisfaits de l'encadrement de leur tuteur. Cependant, près de 17 % des alternants expriment une insatisfaction. Un écart notable peut être constaté au regard de la taille de l’entreprise: 32 % des étudiants en immersion dans une petite entreprise se déclarent insatisfaits.
Ce constat met en lumière la nécessité de mieux soutenir les petites structures dans leur rôle de formation et de tutorat
De manière générale, le rythme en demi-semaine (2 à 3 jours) est le plus représenté. 20% des alternants font l'experience d'une succession de plusieurs rythmes durant leur formation.
En bachelier, un rythme d’une semaine sur deux apparaît plus fréquemment qu'en master. En master, en revanche, on observe une surreprésentation des rythmes mixtes et journée/soirée, ce dernier étant proposé exclusivement dans les universités.
Cette variété illustre la volonté d’adapter l’alternance aux réalités des filières et aux besoins des entreprises partenaires.
Concernant la durée annuelle des immersions, les résultats montrent également des écarts importants. 44 % des étudiants déclarent une immersion de 10 mois, 39 % une durée plus courte et 17 % une immersion plus longue.
Une forte variabilité du montant des indemnités perçues par les étudiants en alternance est constatée en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Parmi les 90 répondants ayant communiqué le montant de leurs indemnités, près de 43 % déclarent percevoir moins que le minimum légal. La situation est particulièrement préoccupante pour les étudiants en bachelier : 74 % d’entre eux touchent une indemnité inférieure à 665 €/mois. Du côté des masters, le respect du minimum est mieux assuré : 65 % des étudiants déclarent percevoir au moins le montant attendu.
Enfin, la question de la variabilité des indemnités révèle que 63 % des alternants perçoivent un montant fixe chaque mois, tandis que 28 % voient leurs indemnités fluctuer en fonction du temps effectivement presté en entreprise.
En parallèle, 52 étudiants sur 160 signalent bénéficier d’avantages complémentaires : principalement le remboursement partiel des frais de déplacement (28 %) et l’octroi de chèques-repas (27 %), parfois cumulés (15 %).
Il semble important de noter que bien que les propotions d’alternants boursier ou jobistes sont inférieurs aux taux que l'on retrouve de la population étudiante générale, ils restent tout de même 15,3% à recevoir une bourse (23% dans la population générale), et sont 14% à cumuler leur alternance avec un job étudiant (71% dans la population générale).
Le placement en entreprise apparaît également comme un défi majeur pour 18 % des répondants. Enfin, 17% des alternants pointent un manque de clarté administrative et d’informations sur les modalités pratiques de l’alternance, ce qui complique encore leur parcours.
Ces résultats soulignent l’impact de la qualité relationnelle pour l’alternant, qu’il s’agisse de l’équipe (20% des réponses), de l’entourage personnel (17%), de la reconnaissance reçue (15%) ou de l'encadrement tuteur en entreprise (15%).
La première préoccupation concerne l’organisation des formations. Les étudiants demandent davantage de flexibilité dans les horaires, un meilleur équilibre entre théorie et pratique, ainsi qu’une adaptation des contenus pédagogiques aux réalités du terrain.
La communication apparaît comme un autre point faible : 33 % des étudiants évoquent un besoin de clarification du dispositif, 27 % dénoncent un manque d’informations, et 23 % parlent d’une méconnaissance générale de l’alternance. Beaucoup proposent la création d’un guide pratique pour préciser les rôles et responsabilités des différents acteurs.
L’accès et l'accompagnement sont aussi des pistes d'amélioration : 54 % estiment que l’accès à une entreprise d’accueil reste le principal obstacle, 27 % demandent un meilleur suivi académique et 19 % soulignent des manques dans le tutorat en entreprise. La surcharge de travail reste une autre difficulté, ressentie par 19 % des étudiants, tandis que 43 % déclarent percevoir une indemnité inférieure au minimum légal, une situation jugée injuste et démotivante.
L’enquête Alter4sup dresse un portrait nuancé des étudiants engagés dans l’alternance en enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles. La répartition des âges suggère que les bacheliers sont souvent dans une logique de réorientation ou de reprise d’études, tandis que les masters suivent davantage une trajectoire de continuité, leur âge correspondant à celui de la population de référence.
Sur le plan socio-économique, seuls 14,2 % des répondants cumulent leur formation avec un job étudiant, un taux bien inférieur à la moyenne de l’enseignement supérieur (71,6 %). Cette différence confirme le poids de l’immersion professionnelle dans leur charge hebdomadaire. Concernant la rémunération, 43 % des alternants perçoivent une indemnité inférieure au minimum légal fixé par l’Arrêté du 10 septembre 2020, une proportion qui grimpe à 73,7 % pour les bacheliers contre 33,8 % pour les masters. De plus, 30,2 % signalent une variabilité de leur indemnité mensuelle, celle-ci étant parfois proratisée en fonction du temps effectivement presté.
Les rythmes d’alternance restent très diversifiés, sans standardisation claire par secteur ou par cycle d’études. Le modèle 2 à 3 jours par semaine apparaît toutefois comme celui offrant la meilleure cohérence pédagogique, contrairement au format journée/soirée, jugé moins adapté. Les motivations des étudiants confirment un choix assumé : ils privilégient l’approche pédagogique pratique et les bénéfices en termes d’insertion professionnelle, tandis que le choix par défaut reste marginal par rapport aux parcours classiques.
Enfin, certains points faibles persistent : sur le plan pédagogique, l’alternance est encore trop souvent perçue comme une juxtaposition théorie/pratique, avec une évaluation académique traditionnelle, calquée sur le plein exercice. Côté obstacles, les principales difficultés identifiées concernent la charge de travail élevée (19 %), la recherche de place en entreprise (18 %) et les démarches administratives complexes (17 %).
Découvrez le point de vue des enseignants sur l’alternance et son intégration académique.